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Dernière minute! Houellebecq n’aurait pas plagié Wikipédia.

novembre 26, 2010 Laisser un commentaire

(Copyright Benoit Tessiers/ Reuters)

 

C’est une information qui vient de tomber: Michel Houellebecq, soupçonné d’avoir plagié des articles entiers de l’encyclopédie participative en ligne Wikipédia dans son dernier roman La Carte et le territoire (Prix Goncourt 2010), est enfin lavé de tout soupçon. En effet, la conclusion d’analyse génétique menée par un collège d’universitaires spécialisés en stylistique met en lumière que ce ne serait pas M. Houellebecq qui aurait plagié Wikipédia, mais bien Wikipédia qui aurait plagié Houellebecq. Le style sans relief, froid, encyclopédique, soporifique de l’auteur se retrouve dans beaucoup d’articles du site bien connu des internautes pour ses informations sûres et toujours vérifiées. Comme M. Houellebecq écrit depuis plus longtemps que n’existe Wikipédia, il est logique que le plagiat se trouve du côté de l’encyclopédie en ligne. A cette heure, encore aucune réaction au siège américain de Wikipédia, mais l’avocat de M. Houellebecq a fait savoir par voie de presse que l’auteur souhaitait porter plainte pour « plagiat et dégradation de la personne morale de l’auteur ». A suivre…

Source: Picsou Magazine

Houellebecq, insipide et inutile.

octobre 6, 2010 2 commentaires

Généralement, je sais si je vais lire (et aimer) un livre dès la première page. Non, en fait, dès la première ligne. Oui, je fais partie de ces gens qui jugent un livre, non pas à sa couverture, mais à sa première ligne. Et ça marche quasiment tout le temps. Je ne l’explique pas vraiment, mais c’est comme ça que je fonctionne.

Prenons un exemple pratique: j’ai ouvert, il y a quelques jours, le dernier Houellebecq, La carte et le territoire.  Les premières lignes ont été dissuasives: j’ai reposé le volume sur son étagère et je suis allé me rincer les yeux avec de vrais auteurs.

Je pensais en avoir terminé avec ce livre, mais c’était sans compter le bruit médiatique qui l’accompagne. Articles de presse, débats, fausses polémiques (« Houellebecq a-t-il plagié Wikipédia? » – cette question en dit long sur l’état du débat littéraire en France aujourd’hui), et surtout, le dithyrambe quasi-unanime de tous les journalistes littéraires (à part Eric Naulleau – mais on sait qu’il ne cherche à plaire à personne…). Seul Tahar Ben Jelloun a le courage de dire ce qu’il pense du livre, mais comme le dit Jérome Garcin, du Masque et la Plume, il n’est pas critique¹. Point.

Bref. Avec tout ce tintamarre, je me suis dit qu’il fallait peut-être donner une nouvelle chance à ce livre, allant ainsi contre mon éthique littéraire personnelle. Ce n’est pas que je crois Arnaud Viviant, lui aussi critique au Masque, lorsqu’il dit que non seulement Houellebecq est le plus grand auteur français mais que le monde entier nous l’envie: même Viviant, lors de son intervention lors de l’émission de France Inter, n’y croyait pas lui-même. Non. Mais il est possible que Houellebecq ait écrit un bon livre. Après tout, il est fan de science-fiction, alors tout peut arriver.

J’ai donc décidé de faire le test de la page 99. Qu’est-ce que c’est? C’est l’idée qu’a eue l’écrivain anglais Ford Madox Ford, qu’il exprime en ces termes: « Open the book to page ninety-nine and read, and the quality of the whole will be revealed to you. »

« Ouvrez le livre à la page 99 et lisez: la qualité du livre entier vous sera révélée »: le concept est radical, mais bien vu. Comme le souligne Céline de Fluctuat.net, « pour un grand nombre d’ouvrages, [la page 99] se situe à peu près au tiers ou au quart du roman. A cet endroit-là du livre, les personnages sont censés être posés. Le rythme (à supposer qu’il y en ait un) aussi. On est assez avancé dans le livre pour obtenir quelques indices concernant l’intrigue. »

Michel Houellebecq et son fidèle toutou

J’ai donc ouvert La carte et le territoire à la page 99, et je l’ai lue. « Et alors? et alors? » s’impatientent les lecteurs de cet article. Hé bien, chers amis, j’ai fait la même chose que la première fois: j’ai reposé le bouquin sur son étagère et je suis allé lire un peu de Joseph Conrad, histoire de désinfecter. La page 99 du roman de Houellebecq est insipide (la place dans la société d’aujourd’hui des prêtres – Oh my God), comme j’imagine le reste du roman, mal écrite (il y a un problème de construction de phrases – et ce n’est pas du style), et surtout, inutile. Dans cette page, Houellebecq veut critiquer notre époque en prenant l’exemple d’un métier qui n’y est pas adapté, mais sa description n’est ni pertinente ni amusante. On nage dans la réaction tiède. Enfin, je ne sais pas, mais quitte à être réactionnaire, comme Houellebecq entend l’être, autant tout faire sauter, non? Non. Houellebecq, c’est le terroriste qui balance des grenades, mais les fruits, hein. Pas les bombes. Et les fruits sont trop murs.

Insipide, mal écrit, inutile: comme disait Pascal à propos de Descartes: « Descartes, incertain et inutile », je crois qu’on peut en toute bonne foi dire la même chose de Houellebecq aujourd’hui: « Houellebecq, insipide et inutile ». Et n’achetez pas ce bouquin, s’il vous plaît.

PS. Le concept de la page 99 vous plaît? Allez donc faire un tour sur ce site, qui met en application l’idée de Ford Madox Ford: http://page99test.blogspot.com/ , et bien sûr, tentez vous -mêmes de faire le test…

1. Le Masque et la Plume, France Inter, émission du 12/09/2010

Une parodie de Houellebecq

juillet 1, 2010 2 commentaires

Michel Houellebecq (©Mariusz Kubik)

Le (très bon) site d’information culturelle Fluctuat.net a lancé, il y a deux semaines, un concours de pastiches d’incipits de Houellebecq, en prémisse à la sortie de son nouveau roman, La carte et le territoire. D’après ce que l’on sait pour l’instant, Houellebecq mettra en scène dans son nouveau livre une foule de personnages, dont un artiste contemporain exposant des cartes Michelin, et l’auteur Houellebecq lui-même. Comme j’ai eu l’heureux plaisir de voir qu’un texte parodique que je leur ai envoyé a été publié sur leur site, j’ai décidé de reproduire ici mon incipit de La carte et le territoire.

« Dégage de là gros dégueulasse. »

Jamais je n’aurais cru que de tels mots pussent sortir d’une si jolie bouche, même si cette bouche, aux lèvres fines et roses, aurait pu figurer dans le Larousse en tant qu’illustration de l’expression bouche à pipe. La jeune femme à qui appartenait cette jolie bouche, une rousse un peu pétasse, se détourna de moi en faisant une moue dégoutée et alla poser son cul moulé dans cette robe noire à paillette qui attirait tous les regards des mâles dominants et dominés de la soirée parigote ultra-hype à laquelle j’avais été invité par erreur. Elle alla s’asseoir à côté de l’écrivain dont elle était l’attachée de presse, un vieux grisâtre fumotant une cigarette molle, qui, selon Simon, été passé près du Prix Goncroûte pour son précédent livre, et qui revenait avec sa nouvelle ‘Œuvre’ intitulée La carte et le territoire. Il se nommait Houellebock, je crois bien. Enfin, je suis pas sûr. Après tout, je n’étais ici que par erreur.

Normalement, je n’aurais jamais dû être ici, dans cet appartement grand luxe près des Grands Boulevards. Je n’aurais jamais dû avoir été capable d’entrer dans ce lieu de débauche dorée, cela aurait dû rester terra incognita pour moi. Je crois que la griserie apportée par le fait que moi, Michel Welkeb, ingénieur agronome, respire le même air que ces gens beaux, sûrs d’eux, sexuellement épanouis, m’a fait perdre la tête. Le champagne à volonté n’y était pas pour rien non plus. Tout ça pour dire que j’ai essayé de coincer la rousse (« salut, ça te dit un tour de manège ? »), et qu’encore une fois, je vais finir à me polir le chinois sur un site porno allemand où de grands blonds avec des queues de trente centimètres enviandent des asiatiques gémissantes. Vive la mondialisation.