La perle noire d’Emmanuel Carrère
Après Un roman russe, un de mes livres préférés, livre sur la jalousie, la possession et la folie destructrice de l’amour devenu fou, Emmanuel Carrère continue à explorer l’intimité du mal et de la mort. Dans D’autres vies que la mienne, l’auteur s’intéresse à d’autres que lui, tout d’abord au malheur aveugle qui touche une famille de français lors du tsunami de 2002 au Sri Lanka, puis à l’agonie finale de la soeur de sa compagne, Juliette, qui meurt d’un cancer, laissant un mari et trois filles derrière elle.
Emmanuel Carrère
Disons-le tout net, D’autre vies… n’est pas le meilleur Carrère. Il faut d’ailleurs s’accrocher au début. Le livre prend un autre tournant lorsque Carrère rencontre l’ancien collègue de Juliette, Etienne. A partir de ce moment-là, ce livre retrouve les grands moments sombres des anciens livres de Carrère, et l’exploration intime du mal – le cancer – est juxtaposée, étrangement, avec une découverte d’un système juridique français bien particulier, et surtout du travail de ces deux juges boiteux, malades et tellement attachants, au destin tragique, qui, à coup sûr, ne manqueront pas d’émouvoir un public assez large.
Tout à fait, Triton, d’ailleurs je n’ai pas assez mis l’accent dans mon article sur la facilité qu’a Carrère d’écrire et de toucher le lecteur. C’est un grand don que celui-là.
je trouve que c’est un bon livre, le style simple et sans fioritures a une efficacité impressionnante. Il parvient même à restituer les subtilités du droit.